Thursday, November 3, 2011

Premier port phénicien de Beyrouth du Ve s. av. J.C.

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J'ai appris cette nouvelle il y a deux jours sur Facebook et il me semble nécessaire de partager l'article ci-dessous paru dans Libnanews hier. 


Une pétition a été lancée par l'Association For The Protection Of The Lebanese Heritage. Retrouvez-les également sur Facebook et prenez le temps de signer ici s'il vous plait.


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Mercredi, novembre 2nd, 2011 | Posté par redaction

Très peu de Libanais ont appris au début de la belle saison, de sources médiatiques, qu’un port phénicien a été découvert dans la région de Minet-el-Hosn au centre-ville de Beyrouth, dans le terrain 1398, situé derrière l’Hôtel Monroe. De telles d’informations dans notre cher pays des cèdres passent – si elles sont toutefois divulguées – quasi inaperçues, et ceci pour plusieurs raisons : citons entre autres l’absence d’intérêt aux nouvelles d’ordre culturel, historique et archéologique, de la part du public comme des médias, et notamment, depuis la genèse de la catastrophe nommée Solidère et consort, raz-de-marée progressif et ravageur faisant écho au tsunami (naturel) destructeur de 552.


Il est quand même passionnant de savoir qu’il existe encore des spécialistes qui entreprennent des fouilles et qui déterrent des trésors archéologiques dans ce minuscule pays, à une époque où le patrimoine est incessamment enterré par la décadence et la nescience. Cependant, l’histoire au Liban nous a habitués à ce que les réjouissances suscitées par de tels évènements soient promptement étouffés par les « briseurs de rêves » déterministes et mercenaires. 

En effet, une agence immobilière dénommée « Venus Real Estate Development Co. » souhaite ériger trois grandes tours sur le terrain 1398, projet qui s’étendrait sur 7510 m², et dont les frais s’élèvent à 500 millions de dollars américains(1). Bref, un projet titanesque dans lequel un nombre ridicule de Libanais serait à même de se payer un appartement (dont la surface varierait entre 250 et 650 m² en plein cœur de la capitale où les prix sont inimaginables). 

Depuis plus de cinq mois, une équipe de la DGA, dirigée par l’expert Hicham Sayegh, suite à des fouilles dans la région, a effectué moult découvertes archéologiques considérables dans la capitale, dont deux canaux parallèles creusés dans le roc, qui font partie du port Phénicien du Vème siècle av. J.C., d’où le nom de Minet el Hosn (Port du Krak, de la forteresse). Il est judicieux de préciser qu’une telle découverte met l’accent sur le rôle phare du port de Beyrouth durant l’ère phénicienne et romaine. 

Cependant, les archéologues ne sont pas tous d’accord sur la datation de ce site. Selon les quotidiens libanais An-Nahar(2) et Al-Akhbar(3), la majorité atteste l’hypothèse avancée par Sayegh, dont Martine Francis-Allouch, archéologue terrestre et sous-marine, Eric Gottwalles, spécialiste en archéologie marine, Janine Abdelmassih, archéologue et conservatrice, Anis Chaaya, chercheur en archéologie médiévale, et une archéologue de l’université roumaine de Jasi. La conservatrice du musée archéologique de l’AUB, Leila Badr, affirme ne pas avoir vu ce port, mais indique qu’il est toujours interdit au public ainsi qu’aux archéologues de visiter tout site découvert au Centre-ville de Beyrouth. Le principal archéologue qui réfuterait l’hypothèse de Sayegh est Hans Corverz, connu dans les sphères archéologiques pour sa « loyauté » aux entrepreneurs de Venus Real Estate, ainsi que Solidère et consort. Petite piqûre de rappel, Hans Corverz est conseiller chez Solidère, et a dirigé une centaine de fouilles qui n’ont été ni préservées, ni archivées, ni publiées. 


Venus Real Estate s’appuie sur le constat de Corverz pour dépouiller son terrain de toute valeur historique et archéologique, afin de poursuivre son chantier promoteur de la civilisation du béton. Le député et chef du PSP Walid Joumblatt avait indiqué, suite aux rapports de Venus Real Estate, que ces déclarations sont futiles et qu’ils (VRE) seraient prêts à tout et n’importe quoi pour avoir la main sur quelques mètres carrés de plus. 

Sur le plan politique, Salim Wardé, alors ministre de la Culture, avait classé une partie de ce terrain sur la Liste Officielle Libanaise des Monuments Classés et Inscrits Monuments Historiques et Sites, et déclaré le 4 avril dernier qu’il est interdit d’effectuer tout chantier ou travaux sur ce terrain sans l’accord de la DGA qui y est tenue de contrôler tout projet, ainsi que les matériaux utilisés pour la construction. Cependant, profitant de la période transitoire avec le changement gouvernemental, et dès l’avènement de Gaby Layoun à la tête du ministère de la Culture, Venus Real Estate a dépêché un document à Layoun proposant le déplacement de la totalité des blocs de pierres formant le port phénicien afin de les mettre dans les jardins du futur projet, précisant que ces blocs devraient être coupés afin d’atteindre un poids variant entre 5 et 8 tonnes pour faciliter leur transfert vers les espaces verts du projet. Ils proposent même d’organiser une cérémonie parrainée par le ministre de la Culture au cours de laquelle il mettrait l’accent sur « l’importance historique » de ces (débris de) pierres … coupées. 

Récemment, la banque Al Mawarid (4), a annoncé avoir conclu un accord de syndication avec quatre banques libanaises afin de financer l’agence immobilière Venus Real Estate. Dans le cadre d’une cérémonie tenue à l’Hotel 4 Seasons à Beyrouth le 26 octobre, la banque Al-Mawarid, Jammal Trust Bank, la Banque Libano-Suisse, la Fenicia Bank et la First National Bank, ont consenti un prêt de 28,000,000 de dollars américains à la VRE, estimant qu’une telle initiative aurait pour but de promouvoir le secteur financier au Liban, et solliciterait d’avantage d’entreprises et d’investisseurs à participer activement à la croissance économique du pays. Vive l’économie et les carnages culturels si les choses seraient ainsi … 

A l’heure actuelle, le ministre Layoun a démenti les propos diffusés par certains médias affirmant qu’il aurait donné son aval sur le projet suggéré par Venus Real Estate, et a indiqué qu’un comité formé des experts Albert Naccach, Samir Chami, et Hassân Sarkis, devrait prochainement se prononcer sur la datation du site en question. 

Dans l’espoir que ce premier port phénicien découvert à Beyrouth ne subisse par le sort des centaines de découvertes archéologiques détruites par les bulldozers ou enfouies à jamais sous des tonnes de bétons pour l’édification par Solidère et consort de centres commerciaux et de tours résidentielles hors de prix qui seront tous achetés et habités par des groupes ou particuliers étrangers notamment du pays du Golfe, nous ne pouvons que lancer un appel pour la sensibilisation des Libanais et Libanaises pour la sauvegarde de leur patrimoine historique et culturel gravement en péril, et les susciter à développer leur mémoire connue pour être excessivement courte afin de suivre toute affaire de ce genre et d’exiger de leurs représentants au sein de l’Etat des comptes et des rapports scientifiques et précis, ce qui limiterait en partie, les atrocités, le vandalisme et les crimes contre leur patrimoine national. 


(1) Selon le site de l’agence immobilière Venus Real Estate. 
(2) An-Nahar, article du 8 avril 2011. 
(3) Al-Akhbar, article du 21 octobre 2011. 
(4) Selon un communiqué de presse publié par ASDA’A Public Relations. 

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2 comments:

Anonymous said...

le port a été détruit aujourd'hui...

rouba said...

Oui, malheureusement. On vit dans un monde de fous.